[L’interview du mois] #1 – David Gaddie pour Beautiful Dreamer

David Gaddie, réalisateur de Beautiful Dreamer, a accepté de répondre à mes questions portant sur le parcours de son court-métrage, de la pré-production à sa diffusion.

De quelle façon avez-vous financé Beautiful Dreamer ? Quels obstacles avez-vous rencontrés ? 

David GaddieAux États-Unis, les courts-métrages ne sont pas subventionnés. Toute personne souhaitant réaliser un court-métrage doit le faire dans son école de cinéma, ou alors le financer de manière privée. Ce n’est pas comme en Europe. Pour Beautiful Dreamer, j’ai épargné près de 50,000 $ pour le tournage et le montage. Cet argent a permis notamment de payer les acteurs, le staff technique et certains lieux de tournage. Je suis parvenu à négocier pour certains des endroits les plus spectaculaires, mais c’est finalement la maison qui a coûté le plus cher, car nous avons dû reloger une famille entière pendant plusieurs jours.

À part ça, la plus grosse difficulté rencontrée fut celle de la postproduction, qui est généralement très coûteuse pour un film de science-fiction. Mais comme je travaille dans ce domaine, j’ai pu mettre à profit mes capacités à créer des effets visuels. J’ai aussi collaboré avec des étudiants qui avaient besoin d’expérience et de crédit et qui ont réalisé le plus gros du boulot, tandis que les membres les plus expérimentés de mon équipe se sont chargés des plans les plus délicats. Nous avons également passé plusieurs mois à boucler le montage, puisque nous avions d’autres projets en cours.

 

Ken Liu apparait au générique comme producteur exécutif. Les droits pour sa nouvelle – Memories of my Mother – ont-ils été difficiles à obtenir ? 

D.G : J’ai contacté Ken Liu et lui ai demandé s’il était possible d’adapter son histoire. Il a accepté de me céder les droits gratuitement, mais pour un court-métrage uniquement. Donc si je souhaite en faire un long-métrage, je devrai renégocier les droits. Le fait qu’il apparaisse au générique en tant que producteur exécutif faisait en quelque sorte partie du contrat.

 

Comme exprimé plus haut, les courts-métrages sont difficiles à financer aux États-Unis. Avez-vous rencontré, à un moment ou à un autre, un rejet de votre film (notamment à cause de son genre) ?

D.G : Tous les films sont difficiles à financer aux États-Unis, mais j’ai rencontré un problème différent pour la sortie de Beautiful Dreamer. Les festivals ne sont que très peu intéressés par la science-fiction, donc ce fut relativement compliqué de trouver les manifestations adéquates pour sa diffusion. Au final, nous l’avons présenté à des festivals qui ne se souciaient pas du genre – et qui ont adoré le film – comme à des festivals certes plus traditionnels mais relativement importants, qui ont eux fait le choix de communiquer sur l’histoire plus que sur le genre.

 

Beautiful Dreamer a gagné de nombreux prix à plusieurs festivals. Que pensez-vous des festivals de courts-métrages ? Quels rôles jouent-ils dans la diffusion de ce format aujourd’hui ?

D.G : Les festivals de courts-métrages sont exigeants. Vous devez dépenser beaucoup d’argent pour y entrer et une fois accepté, vous constatez qu’ils ne sont pas nécessairement bien organisés. De plus, votre court-métrage se retrouve généralement au cœur d’une sélection beaucoup plus large et vous pouvez parfois ne pas vous sentir à votre place. A contrario, diffuser Beautiful Dreamer avant un long-métrage s’est avéré plus efficace que de le projeter dans un festival de court-métrage. Certes, le public était présent pour le long-métrage mais restait largement plus emballé à l’idée de voir un court- métrage en première partie. Les retours furent plus que positifs.

Après avoir été projeté dans de nombreux festivals, le film a été acheté par United Airlines afin d’être diffusé dans leurs avions. Nous nous sommes vus offrir beaucoup d’autres opportunités, mais nous les avons finalement déclinées. J’ai également été approché par un bon nombre de producteurs qui souhaitaient faire de Beautiful Dreamer un long-métrage. Je dirais donc que les festivals ont un impact globalement positif, tant pour le réalisateur que pour son film.

 

Enfin, simple question de curiosité. Avez-vous récupéré l’argent investi dans votre film ?

D.G : Difficile de répondre à cette question. Même avec les quelques ventes effectuées, nous n’avons même pas approché le montant investi de base. En ligne, ce sont les personnes qui hébergent les vidéos qui se font le plus d’argent, pas les réalisateurs. En somme, le retour sur investissement provient d’autres opportunités, et c’est grâce à ces dernières que nous avons pu amortir tout l’argent investi. Je suis actuellement en train d’écrire un long métrage inspiré d’une autre histoire de Ken Liu – un deal rendu possible grâce au film – et je suis en pourparlers pour faire de Beautiful Dreamer une série.

 

Propos traduits par Mathieu Huitric.

2 commentaires sur « [L’interview du mois] #1 – David Gaddie pour Beautiful Dreamer »

    1. Merci 😀
      Au départ, l’interview était informelle (destinée à un usage universitaire) mais finalement David Gaddie a dit des choses tellement intéressantes que je me suis dit que tout le monde devrait en profiter ! C’est un mec génial, super accessible et disponible !

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